Changer de pays de naissance pour moi a été très compliqué. En Italie, j’ai passé toute mon enfance avec mes shabs (ndr : potes. ; voir l’article « Lexique de la street« ) jusqu’à mes 13 ans. J’étais habitué à la culture de l’Italie, je me trouvais à l’aise et comment je kiffais trop la graille. Une journée d’été 2022, soudainement, mes parents me disent qu’on allait partir en France pour des raisons financières et pour se regrouper familialement parce que mon grand frère était déjà en France depuis un moment. Avant qu’on parte, j’avais une semaine pour passer les derniers moments avec mes reufs (ndr : frères). Je n’ai même pas pu profiter de mes vacances d’été que le jour du départ était arrivé. Le soir, je devais partir pour Paname.
J’arrive, j’essaye de m’intégrer, mais je ne savais pas parler français, je n’avais pas d’amis. La première semaine, c’était un cauchemar. Mais heureusement pendant les vacances, en juillet 2022, je suis parti au bled (Maroc) avec ma famille. Ça m’a fait plaisir de revoir mes cousins et ma famille entière. Je suis resté un mois au Maroc et c’était la rentrée scolaire. Le premier jour était normal, je suis parti dans la salle UPE2A (ndr : Unité Pédagogique pour Élèves Allophones Arrivants) en troisième au collège Edv (ndr : Edouard Vaillant) à Gennevilliers, où l’on apprend le français aux nouveaux élèves en France. J’ai fait des connaissances très rapidement, j’ai connu ma classe, etc. Avec le temps je m’étais habitué, j’ai rencontré beaucoup de gens et à la fin de l’année j’ai même réussi à avoir mon brevet. J’étais fier de moi. Mon pays de naissance me manque. L’essentiel est de ne jamais lâcher.
Bilal, CAP1PAL (CAP cuisine en alternance)
Article paru dans Tous Auffray Mag, numéro 5 – janvier 2025.