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Arrivé l’an dernier à Paris, Salim est désormais scolarisé au lycée. Il retrace pour TAM son périlleux parcours de mineur isolé sans papiers. Interview.

TAM : Quelle langue est parlée en Gambie ?
On parle le Mandinka
Comment as-tu appris le français ?
Je suis dans un environnement où les gens parlent français et l’an passé j’ai suivi une classe MODAP (Ndr : MODule d’Alphabétisation et de pré-Professionnalisation). C’est là que j’ai appris le Français.
Pourquoi as-tu décidé de venir en France ?
Je suis venu en France pour les études car en Gambie les études sont payantes. C’est cher et ma famille n’a pas les moyens de me payer des études.

“J’ai pris le bateau en Mauritanie. Nous étions une cinquantaine sur un petit bateau. Je ne connaissais personne. Il y avait des enfants aussi. C’était très dangereux à cause de la mer qui était agitée. On est restés cinq jours sans manger.”

Comment es-tu arrivé en France ?
Je suis passé par le Sénégal. De là, je suis passé par la Mauritanie, j’ai ensuite pris le bateau jusqu’en Espagne, nous étions une cinquantaine sur un petit bateau. Je ne connaissais personne. On était pour la plupart des jeunes. Il y avait des enfants aussi. La traversée a duré une semaine. C’était très dangereux à cause de la mer qui était agitée. On avait tous très peur. En plus, on avait très faim car on avait à manger seulement pour le premier jour. On est donc restés cinq jours sans manger. On est arrivés le soir à Alméria. On est tous fatigués et j’avais mal au ventre aussi. On a ainsi pu manger grâce à des associations. Je resté plus de 25 jours à Alméria dans un hôtel. Ensuite, j’ai décidé de venir en France. Les associations m’ont dit comment faire pour arriver en France. J’ai pris le bus jusqu’à la frontière, puis un autre bus jusqu’à Bordeaux. Ensuite, tout seul, j’ai pris le train jusqu’à Paris. J’ai dormi une semaine dans la gare Montparnasse car je ne connaissais personne. J’y ai rencontré des jeunes qui m’ont dit d’aller à Nanterre. Car là-bas, il y a des associations qui aident les mineurs sans papiers. Cela, c’était en octobre 2021. J’ai été hébergé à l’hôtel dans le 18ème arrondissement à Paris jusqu’en avril 2022. Les associations m’ont inscrit dans une école à Rueil Malmaison. Eux, ils m’ont dit qu’il y avait une place, ici à René Auffray, en MODAP. Du coup, je suis resté trois mois en MODAP.
Comment as-tu vécu ta scolarité en MODAP ?
Cela m’a permis d’apprendre le français. On a fait aussi des activités. On est allé au château de Versailles, on a fait le bateau mouche. On est allé aussi au cinéma. Cela m’a permis de me faire des amis qui venaient, eux, de Côte d’Ivoire, du Mali et du Sénégal.
Comment te sens-tu en France ?
Je me sens bien. J’aime bien la France, certaines activés que je fais n’existent pas en Gambie, comme le cinéma.
Qu’est ce qui est difficile en France ?
C’étaient les premiers jours car je ne connaissais personne et j’avais du mal à parler français. Maintenant, ça va mieux même si j’ai besoin d’apprendre encore le français.
Quels sont tes projets ?
D’abord, apprendre le français. Je suis en CAP pâtisserie, mais je souhaiterais devenir plombier. Mais c’est difficile de trouver un patron qui m’accepte en plomberie. J’espère aussi que j’aurai mes papiers en mai.

Propos recueillis par Neylia (CAP pâtisserie alternance 1ère année) avec l’aide de M. Bordet. Interview publié dans Tous Auffray Mag, numéro 1, janvier 2023

Image : Extrait de l’affiche de l’UNICEF sur les 54 articles de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE).