8 minutes 2 ans

Réveil dès 3 heures du matin, trajet parfois long en Île-de-France pour se rendre à la boulangerie-pâtisserie, dureté des tâches ménagères, cinq apprentis en alternance en CAP pâtisserie témoignent de leurs conditions de travail souvent difficiles, mais aussi de leur satisfaction, pour certains. Photos : Abdel


Une bonne formation malgré un rythme très fatigant

Tout le monde en profite car je suis le plus jeune

Je viens d’un BAC STHR (sciences et technologie de l’hôtellerie et de la restauration) que j’ai passé en 2021-2022. Grâce a ce bac, j’ai pu directement passer en deuxième année de cap pâtissier où je suis en alternance. La formation regroupe plusieurs matières générales comme les mathématiques, le français, l’histoire mais aussi des matières professionnelles comme la pâtisserie, les arts appliqués qui sont une matière qui consiste à nous apprendre à décorer des pâtisseries, faire des décors en sucre en chocolat, etc. Ce que j’aime dans la formation, pour les personnes comme moi qui ne sont pas très scolaires, c’est que nous sommes en alternance, ce qui nous permet de voir d’autres choses et de ne pas être constamment à l’école. Ce que j’aime moins, c’est le rythme de l’alternance, le rythme est très fatigant. Nous enchaînons alternativement des semaines de travail et des semaines d’école. Pendant les vacances nous sommes constamment en entreprise. Mis à part ça, je trouve que c’est une bonne formation.
USEERR.92 (CAP2PAL)

Je suis actuellement en cap pâtisserie alternance. J’ai un avis défavorable pour cette formation car c’est un métier, pour moi, très physique, surtout où je travaille : tout le monde en profite parce que je suis le plus jeune. Du coup, les plus grosses tâches, c’est moi qui les fais. Je fais la livraison, la plonge et le ménage. Ce n’est que moi qui fais ce genre de tâche. J’ai des problèmes de dos alors que j’ai seulement 18 ans. En plus, je suis une personne pas matinale du tout, ça ne m’arrange pas du tout.
Heureusement, on finit tôt l’après-midi.
En pâtisserie, j’ai appris pas mal de choses comme le fraisier, le framboisier, le flan royal au chocolat, les éclairs et les macarons. Mais la chose qui est bien en pâtisserie c’est qu’on finit très tôt l’après-midi. Du coup, on a notre fin de journée libre. Après mon cap alternance, je compte faire un bac pro commerce dans une école de commerce et pourquoi pas ouvrir une boulangerie-pâtisserie plus tard.
Ibrahim (CAP2PAL)


Même si c’est un métier très dur, je suis content d’être en alternance pâtisserie

Је соммеnсе à аνоіr маl аu dоѕ еt аuх gеnоuх à fоrсе dе fаіrе lеѕ tâсһеѕ мénаgѐrеs lеѕ рluѕ durеѕ

Je suis en alternance en pâtisserie à Paris dans le 11ème arrondissement, la boulangerie-pâtisserie est située devant une école de commerce. Nous sommes cinq dans le labo de pâtisserie dont deux pâtissiers, un apprenti en BTM (brevet technique des métiers) et un apprenti en mention complémentaire (bac +1). Il y a le coté boulangerie avec un apprenti en cap et deux boulangers. Un boulanger est de service la nuit de 23h à 7h et le deuxième toute la journée de 10h30 a 17h30. Il y a aussi un traiteur qui fait le salé et quatre vendeuses. L’ambiance est assez bonne, tout le monde s’entend avec tout le monde. Je suis content d’être en alternance pâtisserie mais les horaires de travail me fatiguent un peu car tous les matins je commence à 6h. Donc je me lève à 4h30 et je sors de chez moi à 5h. Je ne pense pas travailler dans la pâtisserie toute ma vie car je trouve que c’est un métier trop dur. Je ne veux pas travailler pour un patron mais plutôt ouvrir mon entreprise, mon patron n’arrive qu’à 9h.
Abdel (CAP2PAL)

Ma boulangerie est située à Asnières en face de la mairie. Dans cette formation d’apprenti pâtissier, il y a des points positifs et des points négatifs. Points positifs, quand on est à l’école, on a un grand week-end de quatre jours et j’aime bien faire de la pâtisserie en groupe en classe. Quelques points négatifs, les horaires du matin c’est compliqué. On se lève à 5h, on part le matin dans le froid et la nuit. Je trouve qu’on n’apprend pas assez en deux ans.
A la fin de mon cap pâtisserie, je compte faire une filière informatique pour ensuite faire ingénieur 3D. Je me suis trompé de filière. A force de faire les tâches ménagères les plus dures je commence à avoir des problèmes de dos et de genoux. Mon patron se lève très tôt, il vient à 3h et finit à 20h. Il travaille toute la journée. Conclusion, c’est nul la pâtisserie, je vous déconseille ce métier.
Imam (CAP2PAL)


Је ме lѐνе à trоіѕ һеurеѕ маіѕ ј’аі drоіt à un ѕаndωісһ tоuѕ lеѕ јоurѕ !

Ma pâtisserie est à Montrouge. Dans cette formation d’apprenti, je commence à 5h et je finis à 12h. Je dois me lever à 3h pour prendre deux trains et ensuite j’arrive à dans la boulangerie vers 6h15. Le problème est qu’on se lève trop tôt. J’ai le droit à un sandwich tous les jours. Je dois envoyer la pâtisserie tous les jours avant 8h30 pour éviter que les vendeuses viennent nous demander tout le temps des choses. Dès qu’on a tous fini, on s’avance pour le lendemain : on commence par faire la crème pâtissière et ensuite les flans et après on regarde ce qu’on a dans notre chambre froide pour voir s’il reste des pâtisseries pour pas se retrouver dans la m…
Yanis (CAP2PAL)

Photos : Abdel. Pâtisseries de son atelier dans le 11ème arrondissement de Paris.

Article paru dans Tous Auffray Mag, numéro 1, janvier 2023